Le groupe américain teste une plateforme de financement participatif de sites Web sans publicité, contre un abonnement de quelques dollars par mois.
Google insiste: il ne s’agit que d’une expérience. Si elle venait à se généraliser, elle pourrait pourtant être lourde de conséquences pour les éditeurs de contenus et les annonceurs en ligne. Le groupe américain a lancé jeudi Google Contributor, une plateforme dédiée au financement des sites Internet. Elle propose aux internautes de verser tous les mois une petite somme d’argent, de 1 à 3 dollars (entre 0,8 et 2,40 euros), afin de pouvoir naviguer sur Internet sans publicités. La recette, a prioriattrayante, comporte néanmoins quelques limites: le programme n’est pour l’instant valable que pour une dizaine de sites partenaires, par ailleurs clients de la régie publicitaire de Google, AdSense. On retrouve parmi ces derniers le journal satirique The Onion, la plateforme d’hébergement d’images imgur et le site spécialisé sur la culture Web Mashable.
Argent reversé aux éditeurs
Le pari de Google est audacieux. Plutôt que de financer les sites grâce aux publicités proposées via AdSense, il offre comme alternative de sortir les annonceurs de l’équation. «Aujourd’hui, Internet est surtout financé grâce à la publicité en ligne», peut-on lire sur la page dédiée à Google Contributor. «Mais que feriez-vous s’il existait un moyen de soutenir directement les créateurs des sites que vous visitez tous les jours?» Si un internaute choisit de participer au programme, des messages de remerciement s’affichent à la place des publicités. À chaque visite sur un site partenaire, un peu de l’argent issu de cet abonnement est versé à l’éditeur du contenu consulté. Les transactions se font via leur compte AdSense, reçues au même titre que les revenus publicitaires. Google perçoit par ailleurs un petit pourcentage sur la somme versée chaque mois par les internautes.
Avec ce projet, Google espère surtout séduire les internautes récalcitrants de la publicité en ligne. Il répond aussi aux inquiétudes des sites Internet qui doivent faire face à la popularité croissante des logiciels permettant de bloquer la réclame, les privant d’une source importante de revenus. Certains testent différentes options pour endiguer le phénomène: des formules d’abonnement ou des messages de remontrance affichés à la place des publicités bloquées. Sans grand succès. Or, le rejet de la publicité en ligne pose aussi problème à Google, qui vit largement de la vente d’espaces publicitaires et de mots clés. Avec Contributor, Google tente de responsabiliser les internautes et joue la carte de la simplicité: il propose un abonnement valable pour une dizaine de sites à la fois, plutôt que pour un seul.
Google Contributor est aussi symptomatique de la progression de la culture du don sur Internet. Outre le succès des plateformes de financement participatif, comme Kickstarter ou Ulule, d’autres projets pour récompenser les créateurs en ligne ont vu le jour ces dernières années. YouTube, propriété de Google, a annoncé au début de l’année une option permettant aux internautes de faire des dons financiers à des auteurs de vidéos. Un principe similaire à celui du site français Tipeee, qui récompense les créateurs sous forme de pourboires numériques.