Elza Soares, diva de la chanson brésilienne, de retour sur scène

A 81 ans, la mythique chanteuse brésilienne Elza Soares, qui lance mardi à Rio de Janeiro la tournée de son nouveau disque Deus é mulher (Dieu est une femme), se sent plus jeune que jamais.

La diva brésilienne Elza Soares au Town Hall de New York, le 19 mai 2017 | AFP/Archives / KENA BETANCUR

 

Je vais te dire un truc: mon âge n’a rien à voir avec mon énergie, explique-t-elle dans un entretien à l’AFP, de sa voix rauque si caractéristique.

Après avoir subi plusieurs opérations du dos, la diva noire de la chanson brésilienne ne chante plus qu’assise, mais déborde toujours d’enthousiasme.

Je vis actuellement une très bonne période de ma carrière, un moment extraordinaire. Je ne sais pas si c’est le meilleur moment. Le meilleur, c’est quand j’ai commencé. Au début tout est merveilleux, se souvient celle que la BBC a sacrée en 1999 chanteuse brésilienne du millénaire.

Avec son emploi du temps surchargé, elle a à peine le temps de s’occuper d’elle-même. Des amourettes? En ce moment, je sors avec Elza Soares. Quelle femme incroyable! Je vais la demander en mariage, plaisante-t-elle, lors de l’entretien téléphonique.

Même si elle garde son humour, Elza Soares est indignée par la situation du Brésil, et critique la vague conservatrice liée à la poussée des églises néo-pentecôtistes de même que les inégalités béantes d’un pays encore frappé par de graves problèmes de racisme.

Nous vivons dans un pays plein de préjugés, c’est horrible. C’est ma patrie, je l’aime à la folie. Mais nous n’avons pratiquement pas de droits. Les pauvres, les Noirs, les femmes, où sont leurs droits?, s’insurge-t-elle.

Née noire, pauvre et femme, la chanteuse sait de quoi elle parle, comme elle le dit dans les premiers vers de la chanson O que se cala (Ce qui se tait), qui évoque les minorités étouffées.

Comme j’ai toujours été très audacieuse, je vais de l’avant. Je crois que c’est ma plus grande victoire. Je ne peux pas rester les bras croisés. Ça ne va pas fort en ce moment? Continue à aller de l’avant. C’est ce que je fais tout le temps, affirme-t-elle.

Le disque Deus é mulher sort après le succès retentissant de A mulher do fim do mundo (La femme de la fin du monde), de 2015, qui avait remporté le Grammy latino du meilleur album de chanson brésilienne.

Mon nom est maintenant

Dans son nouvel opus, Elza Soares aborde encore des thèmes politiques, notamment liés à la condition féminine.

Je vois les femmes plus ouvertes, avec la capacité de parler plus, d’exiger plus de droits. Les femmes doivent être au sommet. C’est la fin de l’esclavage féminin, déclare-t-elle.

Sans les femmes, le monde n’existe pas. C’est pour ça que Dieu est une femme, conclut la chanteuse.

Elza Soares est aussi le personnage principal d’une comédie musicale qui lui est consacrée, à l’affiche jusqu’en septembre à Rio.

La pièce raconte son destin incroyable, de l’enfance dans une favela à la relation à la fois fusionnelle et parfois orageuse avec Garrincha, légende du foot brésilien, décédé en 1983, meurtri par les ravages de l’alcool.

Pour Larissa Luz, chanteuse qui incarne la diva, présenter cette pièce à Elza était un vrai défi.

J’ai senti le poids de la responsabilité, je voulais qu’elle se sente pleinement représentée. Le plus dur, c’était d’aborder les thèmes les plus délicats, comme la mort d’un enfant (quatre des sept enfants d’Elza Soares sont décédés). Mais je me suis sentie accueillie, je sentais qu’elle était avec moi, raconte la chanteuse de 31 ans.

Même si son passé est à l’affiche, Elza Soares préfère vivre au présent, sans trop de soucier de l’avenir.

Je préfère ne pas faire de plans sur la comète. Si quelque chose arrive, c’est comme ça. Je dis toujours ‘My name is now’ (‘Mon nom est maintenant’). Hier, c’est déjà passé, demain, je ne sais pas, donc mon nom, c’est maintenant.

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