Deschamps est-il vraiment chanceux ?

C’est devenu une blague récurrente autour du sélectionneur des Bleus, la supposée chance de Didier Deschamps, qui jouit effectivement d’un petit brin de réussite de temps en temps, mais fait aussi tout ce qu’il faut pour la provoquer.

Le sélectionneur de l’équipe de France, Didier Deschamps, après la victoire des Bleus en demi-finales | AFP/Archives / Paul ELLIS

 

Dans les caricatures de presse ou sur les réseaux sociaux, on associe invariablement Deschamps à un gros chat velu pour décrire très familièrement la bonne étoile – chachatte en argot – associée à tort ou à raison au technicien français. Quelques circonstances favorables accréditent cette thèse, principalement la demi-finale de l’Euro-2016 remportée (2-0) contre les champions du monde allemands.

Face à la France, la Mannschaft se présente très affaiblie, privée de plusieurs cadres. Le défenseur Mats Hummels? Il est suspendu. Le milieu Sami Khedira et l’attaquant Mario Gomez? Blessés, et leur coéquipier Bastian Schweinsteiger? Incertain…

Pendant le match, Schweini provoque un penalty de la main avant la pause, puis le défenseur central Jerome Boateng sort à l’heure de jeu, touché à la cuisse droite. La France s’impose 2-0 grâce à un doublé d’Antoine Griezmann. Le mythe de la bonne étoile ne s’est jamais aussi bien porté, d’autant que les Bleus avaient hérité d’un tableau favorable auparavant avec l’Islande (5-2) plutôt que l’Angleterre en quart.

Chat écrasé

Rebelote à la finale de l’Euro contre le Portugal ? L’attaquant vedette de la Selecçao Cristiano Ronaldo sort blessé dès la 25e minute, mais la chance a visiblement changé de camp: dans les arrêts de jeu, la frappe d’André-Pierre Gignac rebondit sur le poteau, puis le Portugais Eder punit les Bleus en prolongation (1-0). Dans le journal L’Equipe, le caricaturiste Soulcié dessine le fameux chat de DD… écrasé par le bus de l’équipe du Portugal: Maou, plotch.

La chance de Deschamps fête pourtant son grand retour à la Coupe du monde. On la cite au moment du tirage au sort, même si la suite montrera – pour le cas du Danemark notamment – que le niveau des équipes rencontrées par la France en poules était plus relevé que prévu (Australie, Pérou).

Surtout, on l’invoque pour le quart de finale victorieux contre l’Uruguay (2-0), qui joue sans sa vedette Edinson Cavani, blessé au mollet.

Mais peut-on parler de chance quand la France se défait dès les 8es de finale de l’Argentine de Lionel Messi (4-3) ou résiste en demie (1-0) à l’armada offensive de la Belgique, certes privée du latéral Thomas Meunier (suspendu) ?

On peut dire qu’il a une bonne étoile, mais il faut lui rendre le mérite. Même si un entraîneur a sa part de réussite dans le succès, c’est lui qui a façonné cette équipe. Il l’a mise dans le cadre qu’il a défini, insiste l’ancien international (et consultant pour Radio France) Alain Giresse, interrogé par l’AFP.

Il sait parler aux joueurs

Le milieu de terrain Paul Pogba préfère lui aussi parler de l’étoile qui veille dans le ciel de Deschamps et qui tient d’abord à sa gestion de groupe. C’est un truc que peu de coaches ont. Il a gagné avec la France, il a été un grand joueur, un capitaine, déjà un leader. Il connaît les joueurs, il sait parler aux joueurs, s’approcher des joueurs un peu timides. Il arrive à donner le message qu’il veut donner.

Deschamps a également été directement interrogé sur cette image de joueur puis d’entraîneur chanceux, juste avant la victoire contre la Belgique. Que je sois souvent au bon endroit au bon moment, c’est probable, je n’ai pas à me plaindre. Il y a certainement mieux que moi, il doit y avoir pire aussi. Je sais, et j’associe évidemment l’ensemble de mon staff, tout le travail qui est fait. Il y a des exigences qui sont là, c’est ce qui me plaît.

En finales, que ce soit en Ligue des champions avec Monaco – défait par Porto 3-0 en 2004 ou à l’Euro-2016 – l’entraîneur n’a pas été verni jusqu’ici, à rebours de sa carrière de joueur où il a tout remporté, dont le Mondial-98.

20 ans après, va-t-il avoir droit à un petit coup de pouce du destin contre les Croates ? La chance, tu la crées aussi. Je ne pense pas qu’elle aura un grand rôle dans ce match. Ce sera l’équipe qui sera la meilleure, la plus déterminée, la plus disciplinée aussi qui gagnera, répond Pogba.

Articles simulaires

Tourner en ridicule le rire de Kamala Harris : une stratégie risquée, selon Baudelaire

Tim Walz permettra-t-il à Kamala Harris d’attirer l’électorat rural ?

J.D. Vance et le nouveau visage de la droite américaine