Coronavirus en Russie : que cache Vladimir Poutine?

Russian President Vladimir Putin chairs a Security Council meeting in Moscow, Russia, Friday, March 13, 2020. Agreements with Turkey on the situation in Idlib, stock markets and the coronavirus epidemic were discussed at the meeting, according to Kremlin spokesman Dmitry Peskov. (Alexei Nikolsky, Sputnik, Kremlin Pool Photo via AP)

En Russie, le Kremlin affirme maîtriser le risque sanitaire lié au coronavirus mais l’opposition craint que l’opinion soit manipulée.

Russian President Vladimir Putin | (Alexei Nikolsky, Sputnik, Kremlin Pool Photo via AP)

Fini l’insouciance. Lundi matin, toutes les écoles et universités du pays resteront fermées jusqu’au 12 avril. S’y ajoute la construction d’un hôpital de campagne de 500 lits dans la ­banlieue de Moscou. L’état d’alerte a en outre été déclenché dans toutes les régions, souligne Arnaud Dubien, directeur de ­l’Observatoire franco-russe. On commence à ­préparer les esprits à des scénarios plus durs car il n’y a pas de raison que la Russie échappe à la vague du coronavirus. Tout est sous contrôle, disait pourtant encore Vladimir Poutine en début de semaine. Les chiffres officiels de la contamination, à peine 300 pour 145 millions d’habitants, sont ­ridiculement bas.

Jeudi, les ­autorités annonçaient le premier décès lié au coronavirus avant de se rétracter, affirmant que la patiente de 79 ans avait finalement succombé à un AVC. Peu d’infectés, pas de morts. Pour justifier ce bilan troublant, le Kremlin a vanté sa ­vitesse de réaction. Il est vrai que, dès le 1er février, un peu à la surprise générale, la frontière avec la Chine a été fermée, explique Arnaud ­Dubien. Depuis, des Russes sont revenus malades de leurs vacances à Milan ou Innsbruck. Sans doute y a-t-il comme partout ailleurs une sous-estimation des cas, poursuit le chercheur français.

En Russie, on court au désastre

Le gouvernement, tout à son déni, prétend avoir mené plus de 100.000 tests. Mais c’est une entreprise et une seule, basée en ­Sibérie, qui les centralise. Et elle ne travaille qu’avec 15 laboratoires, ce qui est ridicule à l’échelle du pays, dénonce Anastasia Vassilieva, ­présidente de l’Alliance des médecins de ­Russie. Mes collègues me disent que les résultats de certains tests ne leur reviennent jamais. Le système n’est pas fiable. Pour cette proche de l’opposant Alexeï Navalny, les autorités mentent. Il y a actuellement une explosion des cas de pneumonie, mais le gouvernement refuse de dire pourquoi, accuse-t-elle.

Poutine pourrait cesser d’être le maître des horloges

La Russie est-elle en mesure d’absorber le choc? On court au désastre, affirme Vassilieva. Cela fait vingt ans que le pouvoir coupe dans les budgets. À Moscou, il y a dix ans, il y avait dix hôpitaux dédiés aux maladies infectieuses. Il n’en reste que deux. La praticienne se plaint aussi du manque de masques pour le personnel soignant. Poutine répète depuis vingt ans que le pays se porte bien, ajoute-t-elle. Le virus leur montrera que ce n’est pas vrai.

Cette crise tombe mal pour le président russe, qui, pour se maintenir au pouvoir après 2024, a entrepris une réforme constitutionnelle d’ampleur. Cette semaine, il a annoncé la tenue d’un référendum le 22 avril sur la question. À cause du virus, le référendum pourrait ne pas avoir lieu, explique Arnaud Dubien. S’ajoutent l’effondrement du prix du pétrole, la chute du rouble. En raison de tout cela, la séquence politique de ­Poutine est contrariée et il pourrait cesser d’être le maître des horloges.

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