18 personnes sont mortes des suites de maladies pulmonaires liées à l’utilisation de la cigarette électronique et plus de 1000 malades ont été recensés.
L’épidémie de maladies pulmonaires liées à la consommation de cigarettes électroniques aux États-Unis ne faiblit pas, le bilan passant à 18 morts et 1080 malades, ont annoncé ce jeudi 3 octobre les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC).
En une semaine, six nouveaux décès et 275 nouveaux cas ont été recensés selon les critères établis par les autorités sanitaires: la moitié des nouveaux malades correspondait à des cas anciens qui n’avaient pas été reconnus comme tels, et l’autre moitié à des personnes ayant été hospitalisés ces deux dernières semaines -alors que l’alarme est sonnée depuis le mois d’août.
“Malheureusement, l’épidémie (…) continue à un rythme rapide”, a déclaré Anne Schuchat, haute responsable des CDC, lors d’une conférence téléphonique avec la presse. “Nous n’observons pas de baisse dans l’occurrence de nouveaux cas”.
C’est dans le contexte de cette épidémie mystérieuse que plusieurs États et villes ont décidé d’interdire soit la totalité des e-cigarettes (dans le Massachusetts, à San Francisco…), soit les vapoteuses aromatisées à autre chose que du tabac (menthe, menthol, fruits…).
Le motif donné pour les interdictions est la protection des jeunes. Un lycéen de terminale sur quatre a déclaré cette année avoir vapoté dans le mois précédent, selon une enquête publiée en septembre dans le New England Journal of Medicine, contre 11% en 2017.
78% des malades pour lesquels des informations sont disponibles ont indiqué avoir consommé des recharges de vapoteuses au THC, l’agent psychoactif du cannabis.
Le marché noir nous préoccupe beaucoup”, a dit Anne Schuchat.
Par précaution, et faute de comprendre ce qui provoque les maladies, les autorités déconseillent officiellement le vapotage, surtout s’il s’agit de produits au cannabis et achetés à des dealers.
Impossible d’identifier le ou les produits responsables pour l’instant
Plus de 400 échantillons sont dans les mains de l’agence fédérale des médicaments, la Food and Drug Administration, qui les analyse dans l’espoir de trouver l’ingrédient ou les ingrédients susceptibles d’avoir causé les lésions pulmonaires, parmi les nombreux additifs, solvants, huiles et arômes ajoutés dans les e-liquides pour couper le cannabis ou la nicotine. “Les échantillons que nous analysons donnent des résultats différents, et aucune substance unique n’a été identifiée”, a dit Judy McMeekin, de la FDA.
À ce stade de l’enquête, “nous devons garder l’esprit ouvert et admettre que les sources dans une partie du pays ne soient pas forcément les mêmes qu’ailleurs”, a dit Anne Schuchat.
L’analyse des lésions pulmonaires ne donne d’ailleurs pas des résultats similaires selon les régions. Une étude de 17 patients par des médecins du réseau hospitalier Mayo Clinic, publiée mercredi, a mis en évidence des lésions similaires à ce qu’une exposition à des gaz toxiques produit sur les poumons, comme des brûlures chimiques.
Une autre étude de cinq patients en Caroline du Nord a montré à l’inverse des lésions de type pneumonie lipidique, quand des huiles pénètrent les poumons.
“Nous avons l’impression qu’il y a beaucoup de choses mauvaises dans les produits de vapotage et d’e-cigarettes, il est possible que différentes choses abîment les poumons de façons différentes”, a ajouté la responsable des CDC.
L’âge médian des personnes décédées est de 49 ans et demi, a dit Anne Schuchat, mais 80% des malades ont moins de 35 ans. 16% ont moins de 18 ans.