L’actrice et chanteuse Vanessa Paradis surprend en productrice de pornos gays dans Un couteau dans le coeur de Yann Gonzalez, en salles mercredi, un thriller baroque, onirique et érotique, hommage au cinéma de genre des années 1970.
Nous sommes en 1979. Anne (Vanessa Paradis), productrice de pornos gays, elle-même homosexuelle, est une femme blessée après avoir été quittée par sa monteuse et compagne Loïs (Kate Moran).
Alors qu’elle enchaîne les tournages et s’apprête à entamer celui d’un film plus ambitieux, l’un de ses acteurs est mystérieusement assassiné, point de départ d’une série de meurtres par un tueur au masque noir. Elle mène alors l’enquête, dans un climat de peur mêlé à l’érotisme.
C’est Eros et Thanatos, c’est éternel. Ce sont des sujets qui font partie de la culture romantique, expliquait Yann Gonzalez au Festival de Cannes, où le film était en compétition.
Inspiré notamment par Brian De Palma et par un cinéma plus marginal des années 70 – dont les films de Dario Argento et le genre italien du giallo, à la frontière entre thriller, horreur et érotisme – le réalisateur dit avoir voulu aller loin dans l’imaginaire et rendre hommage au cinéma déviant de série B.
Je trouve que dans certaines séries Z, il y a parfois plus de beauté que dans certains grands classiques adoubés par tout le monde, souligne le cinéaste, dont c’est le deuxième long métrage après Les Rencontres d’après minuit (2013).
Le genre pour moi, c’est tout, c’est le cinéma absolu en fait, parce que c’est tous les délires formels qu’on peut imaginer. C’est des émotions, des explosions plastiques, de la beauté à l’état pur, de la folie surtout, a-t-il ajouté. Je trouve qu’il y a de moins en moins de films subversifs comme ça, et j’avais envie d’en faire un.
Avec ce film mêlant thriller, horreur, drame et même humour, porté par une musique lyrique (composée par son frère Anthony Gonzalez et Nicolas Fromageau, du groupe M83), il dit aussi avoir voulu faire avant tout le portrait d’une femme amoureuse.
C’est une femme amoureuse, déterminée, violente, alcoolique, désespérée parfois, mais c’est une guerrière aussi, a souligné Vanessa Paradis à Cannes, se disant surprise que Yann Gonzalez ait pensé à elle.
On a commencé à en parler il y a trois ans. Cela faisait un moment qu’on ne pensait pas à moi au cinéma, a-t-elle dit. La musique j’en fais quand je veux. Le cinéma, il faut que j’attende qu’on m’appelle.