Un drone russe filme des images de la guerre en Syrie

Capture d'écran de la vidéo de propagande russe du quartier dévasté de Jobar, à l'est de Damas en Syrie. Photo Russia Works

Une vidéo de propagande russe montre des images impressionnantes du quartier de Jobar, à l’est de Damas où l’armée lance une offensive contre les rebelles depuis plus d’une semaine.

Capture d’écran de la vidéo de propagande russe du quartier dévasté de Jobar, à l’est de Damas en Syrie. Photo Russia Works

Cela ressemble à une bande-annonce du jeu vidéo Call of Duty mais les images apocalyptiques filmées par un drone, sont bien réelles et témoignent de la violence de la guerre en Syrie. L’engin aurait survolé Jobar, un quartier stratégique à l’est de Damas qui se retrouve au cœur d’affrontements intenses entre les rebelles et les forces pro-gouvernementales.

On y découvre un quartier totalement dévasté avec des bâtiments en ruine d’où s’échappent de gros nuages de fumée et des rues désertiques entièrement saccagées. Au fur et à mesure de la vidéo, les explosions et les tirs de chars se multiplient. Pas de trace d’habitants en fuite, de blessés ou de morts. Le drone ne filme que combattants dont ce qui semble être des rebelles qui se cachent dans un fossé. La vidéo est accompagnée d’une musique électro totalement inappropriée, le morceau HighRoller du duo de DJ californien Crystal Method. Car ce fim stylisé digne d’un grand jeu vidéo ou d’un clip guerrier est en fait un parfait outil de propagande russe. Et ça fonctionne : publié sur YouTube lundi dernier, il a déjà été vu plus d’un million de fois. Selon Le New York Times, il a été réalisé par le réalisateur et photographe russe Alexander Puschin pour son entreprise RussiaWorks avec l’aide de la télévision étatique VGTRK.

Ce n’est d’ailleurs pas le premier film qu’Alexander Puschin réalise pour promouvoir l’intervention de la Russie en Syrie comme le montre la vidéo-dessous. L’opinion publique russe est aujourd’hui soudée dans son soutien indéfectible à l’intervention de Vladimir Poutine en Syrie. La propagande semble porter ses fruits. 69% des Russes s’étaient prononcés contre un soutien militaire au régime de Damas en septembre. Mais dès le troisième jour des frappes, le 2 octobre, une écrasante majorité (72%) soutenait les bombardements, selon un sondage du centre Levada, une organisation russe non gouvernementale de recherches sociologiques et de sondages.

Selon plusieurs blogueurs, qui analysent les images de guerre postées sur les réseaux sociaux, il s’agit bien du quartier de Jobar où les forces du régime avancent depuis mercredi pour tenter de déloger les insurgés. L’armée a tenté à plusieurs reprises de repousser les rebelles de Jobar mais sans succès. Elle les accuse régulièrement de bombarder la capitale à partir de ce quartier. Deux journalistes du Monde avaient été témoins en 2013 de l’utilisation d’armes chimiques à Jobar par l’armée de Bachar al-Assad contre les rebelles.

En lançant son offensive contre Jobar, l’armée syrienne tente de reprendre un quartier stratégique qui ouvre directement sur le cœur de Damas et donne accès à la Ghouta orientale, région agricole à l’est de la capitale dont la majorité est aux mains des rebelles.

Au sol, le quartier est le théâtre de violents combats entre d’une part l’armée, les miliciens prorégime et le Hezbollah libanais et, d’autre part, le Front Al-Nosra, branche syrienne d’Al-Qaeda, et des rebelles islamistes. Le conflit syrien dure depuis plus de quatre ans et a fait plus de 240 000 morts.

Cécile Bourgneuf

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