“Nokia” négocie un rachat d'”Alcatel-Lucent”

Nokia a annoncé être en discussions avancées avec Alcatel-Lucent en vue d'une fusion des deux équipementiers de télécommunications. /Photos d'archives/REUTERS/Dado Ruvic/Benoît Tessier

HELSINKI/PARIS (Reuters) – Les équipementiers télécoms Nokia et Alcatel-Lucent ont annoncé mardi être en discussions avancées en vue d’une fusion qui se traduirait par un rachat du groupe franco-américain par l’équipementier finlandais.

Nokia a annoncé être en discussions avancées avec Alcatel-Lucent en vue d’une fusion des deux équipementiers de télécommunications. /Photos d’archives/REUTERS/Dado Ruvic/Benoît Tessier

Le gouvernement français a averti immédiatement les deux groupes qu’il serait attentif aux conséquences du projet sur l’emploi – Alcatel emploie 6.000 personnes en France sur un total de 52.000 dans le monde – et qu’il attendait rapidement les détails du projet.

Ses activités dans le domaine des télécoms entrent dans le champ d’application du décret dit Montebourg de mai 2014 qui soumet les investissements étrangers dans les secteurs stratégiques à l’autorisation préalable des pouvoirs publics français.

Nokia et Alcatel-Lucent confirment être en discussions sur un possible rapprochement, qui pourrait prendre la forme d’une offre échange en actions de Nokia sur Alcatel, ont déclaré les deux groupes français et finlandais dans un communiqué commun.

A ce stade, il n’existe aucune certitude quant à l’issue des discussions et à la conclusion d’un quelconque accord ou transaction, ont-ils pris soin d’ajouter.

En Bourse, la réaction est vive, l’action Alcatel-Lucent ayant touché en début de matinée un plus haut depuis juin 2008, à 4,572 euros.

A 11h42, le titre du groupe franco-américain bondit de 12,35% à 4,34 euros, plus forte des rares hausses de l’indice CAC 40 (-0,64%) dans des volumes représentant 3,4 fois leur moyenne quotidienne des trois derniers mois sur Euronext.

A Helsinki, Nokia abandonne en revanche 6,63%. Leur grand concurrent, le suédois Ericsson, grappille quant à lui 0,87%.

Alcatel était valorisé lundi soir 11,4 milliards d’euros et Nokia environ 28 milliard d’euros, avant l’annonce de ce projet.

Le scénario d’une fusion n’était pas le scénario le plus probable, d’où la réaction ce matin avec +15% sur Alcatel. Reste à voir les éventuelles réactions des politiques, observe Renaud Murail, gérant chez Barclays Bourse.

Ion-Marc Valahu, gérant chez Clairinvest se dit sceptique sur la pertinence de ce projet de fusion.

Ce sont les deux acteurs les plus faibles de l’industrie. Ils peuvent réduire les coûts, mais additionner un acteur faible avec un autre acteur faible, ça ne se traduit pas nécessairement par la création d’un acteur plus fort, souligne-t-il, ajoutant également que le gouvernement pourrait s’opposer à une telle fusion si elle se traduisait par des réductions d’emplois massives en France.

Le gouvernement entend que les détails du projet lui soient présentés au plus vite, a déclaré mardi une source au ministère de l’Economie. Il sera très attentif à ses éventuelles conséquences sur l’emploi et l’activité des sites français d’Alcatel-Lucent, notamment en Recherche & Développement, et à ses effets sur l’ensemble de la filière télécoms en France.

Les syndicats redoutent également les conséquences que pourraient avoir l’opération sur les activités de recherche et développement d’Alcatel.

L’avenir du groupe Alcatel-Lucent sera sûrement assuré avec un rachat par Nokia a déclaré à Reuters Christophe Civit, représentant CFDT au comité central d’entreprise d’Alcatel-Lucent. Mais notre grosse préoccupation est l’avenir de la Recherche et Développement en France, qui travaille sur des produits qui vont entrer directement en concurrence avec les produits actuellement détenus par Nokia, a-t-il ajouté.

Acculé à gager ses brevets pour pouvoir obtenir un prêt de ses banques fin 2012, Alcatel-Lucent a depuis opéré un spectaculaire redressement sous la houlette de Michel Combes, son directeur général depuis avril 2013.

Le groupe français a toutefois encore accusé une perte de 118 millions d’euros l’an dernier pour un chiffre d’affaires de 13,2 milliards, tandis que Nokia engrangeait un bénéfice net de 1,2 milliard sur un chiffre d’affaires de 12,7 milliards.

Nokia a bouclé il y a tout juste un an la vente à Microsoft de ses activités de téléphones portables pour 5,4 milliards d’euros, une cession annoncée en septembre 2013.

Longtemps numéro un mondial des combinés, le groupe finlandais avait raté le virage des smartphones, se laissant distancer entre autres par Apple et Samsung sur ce marché.

Selon la presse, Nokia envisageait par ailleurs de vendre son activité de cartographie, HERE, estimée à 2,0 milliards d’euros, ce qui faciliterait le financement du rachat d’Alcatel.

(Sven Nordenstam, Véronique Tison, Jean-Michel Bélot, Matthieu Protard et Alexandre Boksenbaum-Granier, édité par édité par Jean-Michel Bélot)

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