Donald Trump est pressé de voir la fin du confinement pour relancer l’économie plombée par le coronavirus. Mais ne compte pas être tenu responsable des possibles conséquences.
Quoi qu’il arrive, vous êtes responsable. Et si rien ne se passe, vous êtes responsable. Voilà ce qu’est un bon dirigeant, clamait Donald Trump sur son compte Twitter à l’époque où Barack Obama était installé dans le Bureau ovale.
Quelques années plus tard, le discours du magnat de l’immobilier a quelque peu changé. Maintenant à la tête des États-Unis et confronté à une crise sanitaire aux répercussions économiques dramatiques, Trump ne voit étrangement plus les choses de la même manière.
Interrogé le 13 mars 2020 sur le manque de tests servant à dépister les Américains positifs au Covid-19, le président républicain a en effet eu le mérite d’être pour une fois clair et net: Je ne suis pas absolument pas responsable
Trump a depuis régulièrement tenté de dévier les critiques sur sa gestion du coronavirus. En pointant du doigt la Chine, en critiquant l’OMS ou s’acharnant sur la grippe H1N1 au temps de l’administration Obama. Et le président semble désormais bien parti pour réutiliser cette tactique si jamais le déconfinement à venir tournait lui aussi à la catastrophe.
Trump veut redémarrer le pays, mais…
Après avoir minimisé le danger du virus, puis s’être indigné que certains États décident de se placer en quarantaine, le président avait brièvement changé de ton le 31 mars pour appeler ses compatriotes à rester chez eux au moins deux semaines pour endiguer les contaminations qui frôlaient alors les 200.000 cas sur le territoire.
Mais depuis le début de la crise engendrée par le Covid-19, Donald Trump ne cache pas sa motivation principale: voir le pays et son économie redémarrer au plus vite. Les quinze jours de confinement national conseillé (et non imposé) étant désormais passés, il est donc grand temps de rouvrir le pays, selon lui. Pour ce faire, le républicain a présenté ce jeudi 16 avril un plan en trois étapes.
La première étape du redémarrage préconisé par la Maison Blanche prévoit la réouverture des restaurants et des salles de sport sous certaines conditions, mais pas des écoles ni des bars. Le port du masque de protection en public reste fortement conseillé, le télétravail doit rester la règle et les mesures de distanciation sociale être maintenues. Les personnes les plus vulnérables doivent rester confinées et les voyages non-essentiels minimisés.
D’après Trump, cette première marche peut déjà être franchie par une trentaine d’États qu’il estime relativement épargnés par le virus. Rien n’empêche ces régions de lever les restrictions très rapidement, littéralement dès demain, a-t-il lancé jeudi.
Enfin cela, ce n’est que son avis. Car au final, il reviendra au gouverneur de chaque État de faire son propre choix.
… aux États de faire le nécessaire
Alors qu’il se vantait encore lundi d’avoir l’autorité absolue sur le redémarrage du pays, Trump s’est en effet bien gardé d’imposer quoi que ce soit jeudi. Il a simplement donné de grandes lignes directrices pour guider les États, sans calendrier ni mesures d’accompagnement précises.
Une façon de procéder qui offre à Trump une bonne excuse pour leur faire payer les pots cassés si jamais la levée du confinement ne se passait pas dans les meilleures conditions. De quoi le protéger si l’épidémie repart à la hausse ou si d’autres problèmes font surface après la réouverture des États, ont clairement reconnu des membres de l’administration auprès du Washington Post sous couvert d’anonymat.
Un déconfinement trop hâtif pour les uns ou trop tardif pour les autres? Le président pourra en effet dire qu’il n’y est pour rien et expliquer qu’il avait lui fourni des conseils officiels, puis pointer du doigt les gouverneurs qui auront décidé quand sortir de quarantaine.
La guerre des tests
Les recommandations officielles de Trump en elles-mêmes risquent d’ailleurs de mettre d’emblée plusieurs États en situation d’échec. Selon le guide du président, c’est une fois qu’un État voire un comté aura rempli des critères sanitaires précis (diminutions des cas de Covid-19 pendant 14 jours, hôpitaux capables de faire face à l’afflux de nouveaux patients) qu’il pourra commencer à lever les restrictions.
Problème, des États affirment ne pas avoir à eux seuls les moyens financiers ni techniques de s’assurer que ces critères sanitaires sont remplis. La capacité d’effectuer un nombre de tests suffisants est notamment source d’inquiétudes, assure le gouverneur de New York. D’une part parce que dans sa région qui compte près de 20 millions d’habitants seuls 550.000 ont pu être dépistés, et ensuite parce que les États, le gouvernement et les entreprises privées doivent s’affronter dans une guerre commerciale pour récupérer les tests fabriqués.
Le gouvernement ne peut pas juste s’en laver les mains et dire: ’les États sont responsables des tests, s’est indigné Andrew Cuomo vendredi alors que Donald Trump, qui assurait en début de semaine ne vouloir faire pression sur personne, exigeait sur Twitter que les États accélèrent les TESTS.