Quand le PSG tue la Ligue 1

Des supporters du PSG à Troyes le 13 mars 2016. FRANCOIS NASCIMBENI / AFP

Propriétaire du club depuis 2011, l’émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al Thani, a-t-il seulement savouré ce sixième titre de champion de France décroché par le Paris-Saint-Germain, dimanche 13 mars, dès la 30e journée de Ligue 1 ? Davantage obnubilé par la conquête de la prestigieuse Ligue des champions, le jeune cheikh de 35 ans a pu toutefois constater que son équipe, dotée d’un budget pharaonique (plus de 500 millions d’euros cette saison), était devenue une impitoyable ogresse qui règne sans partage sur la scène hexagonale.


Des supporters du PSG à Troyes le 13 mars 2016. FRANCOIS NASCIMBENI / AFP

Ironie du calendrier, c’est sur la pelouse de la lanterne rouge troyenne que le PSG a remporté son quatrième titre consécutif en L1 depuis son rachat par le fonds Qatar Sports Investments (QSI). Déjà condamnée au purgatoire de la division inférieure, devancée de 63 points par son adversaire du jour, la phalange de l’Aube a été humiliée devant son public, s’inclinant lourdement (9-0) dans une ambiance de kermesse.

S’il a célébré ce énième titre sans excès de joie, le bourreau parisien a remporté la plus large victoire à l’extérieur de l’histoire du championnat. Comptant 25 points d’avance sur son dauphin monégasque, le PSG a réalisé un parcours hors norme et est en passe de cumuler les records. Jamais un club de L1 n’avait été sacré aussi tôt dans la saison depuis l’Olympique lyonnais (OL), couronné lors de la 33e journée de l’exercice 2006-2007. Avec 77 unités à ce jour dans son escarcelle, l’écurie de la capitale pourrait aisément pulvériser son propre record de 89 points établi à l’issue de la saison 2013-2014. « Je ne sais pas si on pourra refaire ce parcours », avait prévenu l’entraîneur parisien Laurent Blanc, avant la démonstration de force de ses joueurs à Troyes.

Battu (2-1) à une seule reprise cette saison, à Lyon, le 28 février, le PSG n’a toutefois pu pulvériser le record de 32 matchs sans défaite réalisé en Ligue 1 par le FC Nantes, lors de son sacre de 1994-1995. S’il est resté invaincu durant 36 rencontres entre mars 2015 et sa défaite contre les Gones, le club de la capitale a réalisé cette performance sur deux saisons. Détenteurs du record de victoires (27) en L1 en 2013-2014, les Parisiens devraient le battre cette année. A huit matchs du terme de la saison, ils comptent vingt-quatre succès et pourraient, avec seulement quinze buts encaissés à ce jour, battre le record établi dans ce domaine par l’Olympique de Marseille (21 réalisations) en 1991-1992.

« Pas de concurrence en France »

« On est contents pour la Ligue 1, mais la saison n’est pas finie, a déclaré le capitaine du PSG Thiago Silva, quatre jours après la qualification acquise face aux Londoniens de Chelsea pour les quarts de finale de la Ligue des champions. Il nous reste trois compétitions (dont la Coupe de la Ligue, et la Coupe de France) à jouer, et on va travailler pour aller au bout. »

Programmé pour remporter tous les trophées nationaux comme lors de l’exercice précédent, le PSG version qatarie a profondément modifié la grille de lecture de la Ligue 1, exerçant de manière implacable son hégémonie et « tuant » tout suspense au sommet du classement. « La L1 est pliée au regard de l’écart économique », répète Jean-Michel Aulas, le président de l’OL, qui dispose du deuxième budget de la compétition (170 millions d’euros).

Dans les autres grands championnats européens, le gouffre est moins large entre le leader et son dauphin. En Allemagne, le Bayern Munich ne compte ainsi que cinq points d’avance sur le Borussia Dortmund. En Liga espagnole, l’écart est de huit unités entre le leader barcelonais et son dauphin de l’Atlético Madrid. En Serie A italienne, la Juventus Turin n’a que trois points d’avance sur Naples. Et que dire de la Premier League anglaise, où Leicester ne devance Tottenham que de deux unités.

« Le PSG a un handicap énorme : il n’a pas de concurrence en France. L’objectif du Qatar n’est pas de gagner vingt-cinq fois la L1 mais de gagner la Ligue des champions, confiait en janvier au Monde Bernard Caïazzo, président du conseil de surveillance de l’AS Saint-Etienne et numéro 1 de « Première ligue », le nouveau syndicat qui regroupe les patrons des vingt clubs de l’élite sauf Guingamp. Cela peut continuer comme ça pendant dix ans. Le foot français de clubs est en crise. »

« Le football français doit être reconnaissant au PSG pour ce qu’il lui apporte à l’indice UEFA, nuance Frédéric Thiriez, président de la Ligue de football professionnel. A l’étranger, ce sont souvent les mêmes qui gagnent. En France, il y a toujours eu des cycles. Aujourd’hui le PSG, hier l’OL, avant-hier l’OM (Olympique de Marseille) et, plus loin dans le passé, Saint-Etienne. Il faudrait une concurrence renforcée pour les saisons à venir. Ce serait une bonne chose y compris pour le PSG, dont les performances, pourtant remarquables, pourraient finir par sembler ordinaires. »

Désormais concentré sur la Ligue des champions, le PSG disputera pour la quatrième fois d’affilée les quarts de finale de l’épreuve, programmés les 5 et 13 avril. L’échéance prioritaire aux yeux de l’émir du Qatar.

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