La Fédération internationale de football (FIFA) se réunit vendredi en congrès extraordinaire pour choisir le successeur de son président démissionnaire Sepp Blatter et adopter un vaste programme de réformes visant à restaurer son image, entachée par une retentissante affaire de corruption.
Le report de l’élection, demandé par le prince jordanien Ali bin al Hussein, l’un des candidats à la présidence, a été refusé par le Tribunal arbitral du sport (TAS), la plus haute juridiction sportive.
Outre le prince Ali bin al Hussein, quatre autres candidats sont en lice à Zurich : le Français Jérôme Champagne, l’Italo-Suisse Gianni Infantino, le cheikh bahreïni Salman bin Ebrahim al Khalifa et le Sud-Africain Tokyo Sexwale.
La FIFA a appelé ses membres à soutenir les réformes qui seront présentées lors du congrès, notamment une limitation de la durée des mandats cumulés des plus hauts responsables et la publication de leurs revenus. Sepp Blatter, réélu en mai pour un cinquième mandat avant de démissionner dans la foulée, a été pendant plus de 17 ans à la tête du football mondial.
L’instance dirigeante du football mondial cherche à rétablir sa réputation, entachée depuis mai dernier par la révélation d’une vaste affaire de corruption. Le ministère américain de la Justice a lancé des poursuites contre plusieurs dirigeants de la FIFA et contre des dirigeants de sociétés liées à la commercialisation et à la promotion du football pour versement de pots-de-vin estimés à plus de 150 millions de dollars.
Une enquête a également été ouverte en Suisse.
Sepp Blatter espérait participer au congrès mais une décision de la commission de recours de la FIFA est venue confirmer sa suspension, raccourcie à six ans au lieu de huit, comme celle du Français Michel Platini.
L’ex-président de l’UEFA avait prévu d’être candidat à la succession du Suisse jusqu’à ce que sa suspension, lui interdisant toute activité dans le football au niveau national et international, anéantisse ses espoirs.
Sepp Blatter, qui est âgé de 79 ans, et Michel Platini, de 60 ans, ont été suspendus le 8 octobre dernier par la commission d’éthique de la FIFA en raison de doutes sur la légalité d’un versement de deux millions de francs suisses (1,8 million d’euros) effectué en 2011 par Blatter à Platini pour une mission menée entre 1998 et 2002.
DÉCISION POLITIQUE
Michel Platini a estimé mercredi que la décision de la commission de recours était insultante, honteuse et un déni de droit. Les motifs retenus sont sans fondement, construits de toutes pièces et surréalistes, a affirmé l’ancienne star du football français.
Jugeant que le maintien de sa suspension était une décision politique prise par un système qui a voulu l’empêcher de se présenter à la présidence de la FIFA, le Français entend présenter un recours devant le TAS.
Inquiets que le secret du vote de vendredi ne soit violé par les délégués qui pourraient prendre des photos de leur bulletin avec leur téléphone portable, le prince Ali bin al Hussein a demandé l’installation d’isoloirs transparents, sans obtenir gain de cause auprès du TAS.
D’autres candidats ont fait part de leur inquiétude. Le Français Jérôme Champagne a dit qu’il allait contester devant le TAS le nombre d’observateurs autorisés au congrès, qu’il juge trop important, sans toutefois vouloir retarder sa tenue.
Jérôme Champagne et Ali bin al Hussein se disent inquiets du rôle des confédérations continentales de la FIFA, comme l’UEFA, dont des membres ont été accrédités à titre d’observateurs, et dont les commentaires pourraient peser dans le choix d’un candidat.
L’élection du nouveau président revient aux 209 fédérations nationales de football membres de la FIFA, dont chacune vote à bulletin secret, ce qui leur permet en théorie toute liberté face aux consignes des confédérations continentales.
Le secrétaire général de l’UEFA, Gianni Infantino, et le cheikh bahreïni Salman Bin Ibrahim Al Khalifa sont donnés favoris pour succéder à Sepp Blatter.
Le président par intérim de la FIFA, Issa Hayatou, a appelé les fédérations nationales à voter pour les réformes, les jugeant décisives pour l’avenir de l’organisation.
Le monde a les yeux rivés sur nous cette semaine après ce qui restera une des plus difficiles périodes de notre histoire, a-t-il déclaré, selon un communiqué publié par la FIFA.
L’adoption de ces réformes va envoyer un message fort, signalant que nous avons entendu et que nous prenons les mesures nécessaires pour regagner la confiance et améliorer notre performance.
(Pierre Sérisier et Julie Carriat pour le service français, édité par Danielle Rouquié)