Ouvrir la voix d’Amandine Gay, le film autofinancé qui donne la parole aux femmes noires et suscite l’engouement

Ouvrir la voix / Bras de Fer

24 femmes noires, françaises et belges, témoignent des oppressions vécues au quotidien.

Ouvrir la voix / Bras de Fer

Ma boîte de production s’appelle Bras de Fer, ce qui représente assez bien ce qu’a été cette aventure pour faire ce film et le mener en salles. Ce film, il s’intitule Ouvrir la voix et sa réalisatrice, Amandine Gay, compare sa production à une guérilla, tant le chemin vers sa sortie en salles ce mercredi 11 novembre a été long et semé d’embûches.

Ce n’est pas tous les jours qu’un long-métrage français donne la parole à des femmes noires, 24 pour être précis, pendant 120 minutes, sur des thèmes aussi divers que l’éducation, le communautarisme, les idéaux de beauté, l’homosexualité. À vrai dire, c’est la première fois. Et si Amandine Gay, comédienne de 32 ans, ne s’était pas battue en marge de l’industrie du cinéma pendant plusieurs années, peut-être n’aurions-nous pas pu entendre tout ce que ces Afro-descendantes ont à dire.

Entre le début du projet et la sortie nationale, rien n’était gagné d’avance.

Bras de fer

Lorsqu’Amandine Gay, au début du projet, a envoyé son dossier au Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), elle avait peu d’espoir: on m’avait déjà refusé des programmes courts fictifs dans le passé, qui me semblaient consensuels, souligne-t-elle auprès du HuffPost. Parmi ceux-ci, une fiction avec un personnage de femme noire, lesbienne et sommelière: on disait que c’était trop Américain, que ces filles-là n’existent pas. Pas très étonnée, elle apprend donc que sa demande au CNC pour Ouvrir la voix est rejetée.

Problème: sans aide à l’écriture, pas d’aide à la production et ainsi de suite. En octobre 2016, trois ans après avoir entamé la réalisation de son film, elle lance une campagne de financement participatif, qui lui permet de rassembler quelque 17.000 euros permettant de couvrir une partie des dernières dépenses avant le début des projections en salles.

A ce moment-là, je réalise que le projet mobilise et commence à drainer pas mal d’attention et me dis qu’il serait possible de trouver une boîte pour une sortie nationale, explique-t-elle. Mais très vite, elle craint de se faire déposséder de son travail: puisqu’elles prennent des risques plus importants que d’habitude, les boîtes de production demandent un pourcentage plus élevé, précise la réalisatrice. Elle crée donc sa propre boîte au nom éloquent, Bras de fer.

Résultat, un documentaire édifiant de deux heures dans lequel 24 femmes françaises et belges prennent la parole sans le moindre intermédiaire: pas de musique ni voix off pour venir interrompre des témoignages éclairants et parfois douloureux. Comme celui de cette femme qui affirme que si t’es noire, tu dois en faire deux fois plus. Ou ceux, nombreux, qui se rappellent comment, enfants, elles rêvaient d’avoir des cheveux fins qui flottent au vent. Ou encore celui de cette jeune femme qui se souvient de l’un de ses compagnons qui voyait en elle une expérience plutôt qu’une véritable relation: je suis sorti avec une noire.

Un film de niche

Qu’était-il donc reproché à ce long-métrage pour que cette militante afroféministe gère tout, de l’écriture à la distribution en passant par le rôle d’attachée de presse? On me demandait si, en dehors du public ‘captif’ -donc des noirs- le film allait attirer des gens en salle et pouvoir soutenir une sortie nationale. Le mot noir n’était jamais employé mais on affirmait que c’était un film de niche, raconte-t-elle.

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