70 ans de Lucky Luke: Le western revient en force et en qualité dans la bande dessinée

Extrait du western - L. H. Phang, F. Peeters & éd. Casterman 2016

Tombé en désuétude depuis la fin des années 1970, le western fait une percée remarquable depuis quelques mois…

Extrait du western – L. H. Phang, F. Peeters & éd. Casterman 2016

Alors même que le cowboy le plus célèbre de la bande dessinée fête ses 70 ans, une vague de westerns a déferlé dans les rayons des libraires ces derniers mois. C’est d’autant plus remarquable que le genre, ultra-populaire après-guerre, ne semblait plus faire recette depuis une trentaine d’années. Autre surprise : la plupart des nouveautés les plus plébiscitées sont signées par la crème des auteurs européens.

Des titres de qualité
Ainsi, et parmi beaucoup d’autres titres, Xavier Dorison et Ralph Meyer animent l’excellente série Undertaker (une histoire de croque-mort à la gachette facile, deux volumes parus) ; Pierre Dubois et Dimitri Armand ont signé l’impeccable Sykes, un one-shot mettant en scène une vieille gloire de l’Ouest sur le retour ; Loo Hui Phang et Frederik Peeters viennent de publier le fascinant L’odeur des garçons affamés, un western très cinématographique et débordant de sensualité…

20 Minutes a demandé à Xavier Dorison ce qui, selon lui, motivait un pareil regain d’intérêt pour le far-west.

Pour le scénariste de W.E.S.T, la principale raison est conjoncturelle : « Le western est un univers dans lequel la technologie (téléphones mobiles, internet, réseaux sociaux) n’existe pas encore. Or je pense qu’on a tous, inconsciemment, une envie, voire un besoin de retrouver un monde qui soit “à hauteur d’homme”. Un monde qu’on soit encore capable de comprendre. Et les codes du western sont assez élémentaires pour que chacun les interprète sans difficulté. »

Une mythologie universelle
Les chevauchées sauvages, les duels ou les attaques de diligence « rassureraient » donc le public des westerns ? « Déjà, le genre ne se limite pas à ces clichés », nuance Xavier Dorison. « En général, le western raconte l’histoire d’une communauté réduite qui cherche un moyen de rétablir la justice face à une oppression (de hors-la-loi, d’un shérif corrompu etc). Cette idée de recherche de justice, de valeurs morales, c’est, finalement, précisément ce qu’on espère pour notre avenir… on essaie donc de la trouver dans notre passé global », souligne-t-il, avant de préciser : « Le western, même s’il a lieu à des milliers de kilomètres, fait partie de notre passé global parce qu’il est devenu une mythologie universelle. »

« Le surmoi est peu présent dans les westerns »
L’engouement du public pour le western tiendrait ainsi au fait « qu’on se raconte des histoires du passé pour entretenir l’espoir d’un futur meilleur ». Mais Xavier Dorison soupçonne un autre intérêt, plus prosaïque : La mythologie du western est liée à quelque chose de profondément viscéral. C’est-à-dire que c’est un univers où le surmoi est assez peu présent : un mec t’emmerde dans un saloon, tu ne lui fais pas un procès, tu lui colles ton poing dans la gueule. Et donc, ton instinct est libéré, tu fais ce que tu considères comme juste – même si c’est flinguer des outlaws qui t’ont piqué ton bétail.

Enfin, et tout simplement, la bande dessinée se révèle un support idéal pour développer des récits de cowboys. D’abord parce qu’on peut y représenter ces magnifiques grands espaces que sont les plaines de l’ouest des Etats-Unis, sourit Xavier Dorison. Et en dehors du cinéma, seule la BD permet de respecter le format idéal du western qui serait un 16/9e étiré. Du 70mm. Graphiquement, ça passe très bien dans une planche de bande dessinée.

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