Une rescapée de l’attaque de Ouagadougou témoigne

Les djihadistes qui ont attaqué vendredi soir le restaurant Cappucino et l'hôtel Spendid, deux établissements de Ouagadougou prisés des Occidentaux, ont particulièrement visé les Blancs et n'ont pas hésité à achever les blessés, selon le témoignage d'une survivante. L'attaque au coeur de la capitale du Burkina Faso a fait 29 morts, selon le Quai d'Orsay. /Photo prise le 16 janvier 2016/REUTERS/Joe Penney

Les djihadistes qui ont attaqué vendredi soir un restaurant et un hôtel de la capitale du Burkina Faso, Ouagadougou, ont particulièrement visé les Blancs et n’ont pas hésité à achever les blessés, a raconté samedi une survivante.

Les djihadistes qui ont attaqué vendredi soir le restaurant Cappucino et l’hôtel Spendid, deux établissements de Ouagadougou prisés des Occidentaux, ont particulièrement visé les Blancs et n’ont pas hésité à achever les blessés, selon le témoignage d’une survivante. L’attaque au coeur de la capitale du Burkina Faso a fait 29 morts, selon le Quai d’Orsay. /Photo prise le 16 janvier 2016/REUTERS/Joe Penney

L’attaque a fait 29 morts, selon un bilan donné dans la soirée par le ministère français des Affaires étrangères. Les autorités du Burkina Faso ont précisé que les victimes étaient de 18 nationalités différentes. Deux Français, deux Suisses, six Canadiens et un Néerlandais figurent parmi les morts.

Quelque chose a explosé dans le restaurant. J’ai d’abord cru que c’était un pétard mais ça a continué et j’ai compris qu’on nous tirait dessus, a raconté au téléphone à Reuters une Slovène qui se trouvait vendredi soir à la brasserie Cappuccino, en face de l’hôtel Splendid.

Au début, on avait l’impression qu’ils tiraient au hasard, a-t-elle ajouté.

Deux hommes, l’un grand et barbu, l’autre jeune et de petite taille, ont fait irruption dans le restaurant, rempli à l’heure du dîner de Burkinabés et d’étrangers.

Ils étaient entièrement habillés de noir, le visage découvert. Ils avaient des Kalachnikov (…) et aussi un pistolet.

Les deux hommes ont commencé à repérer les clients blancs qui se trouvaient dans le restaurant.

J’ai réussi à me coucher entre le mur et un banc, où je suis restée deux heures. Je me demandais si on ne voyait pas mes pieds, c’était ma terreur. Je me disais: ‘s’ils aperçoivent mes pieds, ils verront que je suis blanche et ils viendront me tuer‘.

De là où elle se terrait, la Slovène, anthropologue de profession, ne voyait guère les assaillants mais pouvait entendre leurs mouvements.

On entendait des coups de feu, des grenades, des détonations. Cela faisait de l’écho, c’était extrêmement fort (…) Ils n’arrêtaient pas d’entrer et de sortir du Cappuccino. Je me disais ‘c’est fini’, et puis ils revenaient et tiraient encore sur des gens.

ILS REGARDAIENT SI DES BLANCS BOUGEAIENT

Ils revenaient et regardaient si des Blancs bougeaient encore. Si c’était le cas, ils les achevaient. Mon amie avait une personne blanche morte au-dessus d’elle, qui saignait sur elle. Son corps l’a sauvée.

A un moment, l’électricité a été coupée et le restaurant a été plongé dans l’obscurité. Les clients qui n’avaient pas été tués ne bougeaient pas, ils faisaient semblant d’être morts.

Il y avait un enfant (…) Je l’entendais parler à sa mère et j’entendais celle-ci lui répondre. Elle lui disait de se tenir tranquille.

Quand la salle a commencé à se remplir de fumée, la mère cherchait à respirer et puis je ne l’ai plus entendue, raconte la rescapée qui ignore si elle et son enfant ont survécu.

La fumée devenant de plus en plus épaisse, la Slovène était confrontée à un terrible dilemme.

A cause du feu et de la fumée, je pensais que j’allais mourir asphyxiée. Mon instinct me disait de prendre le risque de sortir (…) Tout était sombre, je me cognais aux tables, il y avait des débris de verre sur le sol (…) Je n’osais même pas regarder s’il y avait des corps.

Quand je suis sortie, il y avait des gens qui se cachaient sous des voitures et cherchaient à fuir.

L’anthropologue slovène, qui a refusé de donner son nom, a réussi à rejoindre d’autres survivants à l’écart du restaurant mais il a fallu attendre encore une heure pour que les soldats viennent les chercher et les conduisent à l’abri.

Je n’arrêtais pas de regarder ma montre mais cela n’avait aucun sens parce que tout semblait si long, si long… A chaque minute, on s’attendait à voir surgir quelqu’un, soit pour nous tuer, soit pour nous sauver.

(Guy Kerivel pour le service français)

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