Le premier parti politique brésilien a annoncé mardi qu’il quittait la coalition gouvernementale, accroissant encore la probabilité d’une destitution de la présidente Dilma Rousseff.
Celle-ci a annulé son voyage à Washington, où elle devait participer au sommet sur la sécurité nucléaire jeudi et vendredi, a-t-on appris de sources gouvernementales.
La direction nationale du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB) s’est réunie dans la journée et a décidé de quitter le gouvernement, au sein duquel ce parti détenait encore six portefeuilles en plus de la vice-présidence.
Un vote sur la destitution de la présidente pourrait avoir lieu début mai au Congrès. Au cas où Dilma Rousseff serait suspendue de ses fonctions dans l’attente d’une décision du Sénat, c’est son vice-président, Michel Temer, chef de file du PMDB, qui assurerait l’intérim.
Le président de la chambre des députés Eduardo Cunha, membre du PMDB, a souligné que son parti ne devait pas porter la responsabilité des erreurs commises par Dilma Rousseff.
Lundi, le ministre PMDB du Tourisme, Henrique Eduardo Alves, avait annoncé sa démission. Le dialogue, j’ai le regret de le dire, est arrivé à son terme, a-t-il écrit dans sa lettre de démission à Dilma Rousseff.
Des conseillers de Temer ont déclaré que le vice-président était prêt à assumer les fonctions de chef de l’Etat et à tenter de sortir le pays de la récession. Plusieurs médias brésiliens ont rapporté pendant le week-end que l’entourage de Temer était en train d’élaborer un programme de travail pour ses premières semaines de présidence.
NOUVELLE DEMANDE DE DESTITUTION
Dilma Rousseff est accusée d’avoir maquillé les comptes publics pour faciliter sa réélection en 2014, des faits qui s’ajoutent à la crise politique liée à l’enquête sur un système de corruption à grande échelle impliquant plusieurs des principales entreprises du pays, à commencer par le géant pétrolier Petrobras.
L’ordre brésilien des avocats (OAB) a réclamé lundi l’ouverture d’une nouvelle procédure de destitution à l’encontre de Dilma Rousseff, qu’il accuse aussi d’obstruction à la justice et d’avoir accordé des exemptions fiscales à la Fédération internationale de football (Fifa) lors de la Coupe du monde 2014.
Des partisans de la présidente ont tenté lundi d’empêcher physiquement l’OAB de déposer sa requête devant la chambre basse du Parlement brésilien aux cris de Não passaram (ils ne passeront pas), cri de ralliement traditionnel de la gauche.
Parmi les éléments présentés par l’OAB, la question de l’obstruction à la marche de la justice est peut-être la plus sensible pour la présidente. L’accusation est fondée sur les aveux du sénateur Delcidio Amaral, ancien allié de la présidente.
L’OAB reproche en outre à Dilma Rousseff d’avoir fait entrer dans son gouvernement son prédécesseur, Luiz Inacio Lula da Silva, afin de le préserver des poursuites judiciaires.
L’organisation, qui représente un million d’avocats brésiliens, accuse également la présidente d’avoir attenté aux intérêts du pays en dispensant la Fifa d’impôts lors de la Coupe du monde 2014.
Cette nouvelle requête vient s’ajouter à la dizaine d’autres qu’Eduardo Cunha doit examiner. Eduardo Cunha, adversaire farouche de Dilma Rousseff, est lui même visé dans le scandale Petrobras.
(Avec Maria Carolina Marcello et Alonso Soto; Nicolas Delame, Marc Angrand et Guy Kerivel pour le service français)