En Afrique du Sud l’opposition lance une procédure de destitution contre Zuma

Des membres de l'opposition politique écoutent attentivement le jugement de la Cour constitutionnelle sur le président Zuma, à Johannesbourg, le 31 mars 2016. © REUTERS/Felix Dlangamandla/Pool

La Cour constitutionnelle a jugé jeudi 31 mars que le chef de l’Etat avait violé la Constitution en refusant de rembourser l’argent public utilisé pour sa résidence privée Nkandla. C’est le plus gros scandale de son mandat : l’utilisation de plus de quinze millions d’euros d’argent public à des fins privées. Et désormais, des failles de plus en plus ouvertes apparaissent dans le camp présidentiel.

Des membres de l’opposition politique écoutent attentivement le jugement de la Cour constitutionnelle sur le président Zuma, à Johannesbourg, le 31 mars 2016.
© REUTERS/Felix Dlangamandla/Pool

La pression s’accentue sur le président Jacob Zuma, après ses derniers déboires avec la justice. Après des années de bataille judiciaire, l’opposition a finalement eu gain de cause. Le président va devoir rembourser l’argent déboursé pour sa résidence privée. Mais surtout, la plus haute cour du pays a estimé que le chef de l’Etat avait enfreint la Constitution.

Pour Julius Malema, leader du parti radical Les Combattants pour la liberté économique, qui a déposé la plainte, le parti au pouvoir doit rappeler le chef de l’Etat. « S’ils ne font pas ca, nous irons au Parlement et nous demanderons sa destitution. Et d’ici là, nous refusons qu’il s’exprime devant le Parlement. Nous l’arrêterons physiquement, nous le bousculerons, oui, nous le bousculerons car Zuma n’est plus le président de la République sud-africaine. » Malema demande aux Sud-Africains de descendre dans la rue.

Autre réaction, celle de l’Alliance démocratique (AD) : le parti d’opposition a annoncé avoir lancé une procédure de destitution. « La Cour constitutionnelle a été claire : le président a failli à son devoir qui est de défendre la Constitution de ce pays, estime Mmusi Maimane, leader de l’AD. Dans ces conditions, comment est-ce que le Parlement peut continuer à défendre un homme qui n’a pas respecté son serment en défendant notre Constitution ? Le Parlement ne peut pas faire cela. Il doit destituer le président Zuma. Nous avons déjà rédigé cette motion de censure que nous allons envoyer dès aujourd’hui. Et nous voulons que l’Assemblée nationale prenne des mesures appropriées. »

Pour Mmusi Maimane, les députés ANC doivent prendre leurs responsabilités : « La question aujourd’hui n’est plus si les députés de l’ANC ont une éthique, mais plutôt s’ils sont fidèles au serment qu’ils ont prêté, c’est-à-dire défendre la Constitution. C’est un point critique. Nous allons nous battre jusqu’au bout. Nous espérons que les Sud-Africains vont pouvoir récupérer l’argent gaspillé par le chef de l’Etat, que la médiatrice de la République va retrouver son pouvoir et que Zuma va être destitué. » Peu de chance cependant que cette procédure aboutisse : une destitution requiert les deux-tiers des voix au Parlement. Le parti au pouvoir est largement majoritaire.

Zuma peu fréquentable, l’ANC divisée

L’ANC, pour sa part, a indiqué qu’il respectait le jugement et étudiait les implications de ce verdict.

L’étau semble se resserrer chaque jour davantage contre Jacob Zuma. Pourtant, il y a encore quelque mois, celui-ci se sentait intouchable. Il se moquait même ouvertement des députés de l’opposition au Parlement. Le chef de l’Etat ressort aujourd’hui fortement affaibli de cette affaire, alors qu’il est embourbé dans plusieurs autres scandales, notamment ceux concernant ses liens avec une riche famille d’hommes d’affaires soupçonnés d’influencer le gouvernement.

Dernièrement, plusieurs vétérans de la lutte anti-apartheid ont appelé l’ANC à faire le ménage. Le parti au pouvoir va-t-il agir ? On le sait profondément divisé au sujet de son soutien à un Zuma de moins en moins fréquentable, et qui pourrait faire perdre des voix au parti lors des élections locales à venir.

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