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Exomars 2016: à quoi sert cette mission européenne vers Mars?

La première étape de la mission Exomars, qui a décollé ce lundi, a pour but d’analyser les gaz de l’atmosphère martienne et de tester un atterrisseur pour l’Europe, associée à la Russie. Une seconde partie suivra, pour déposer un robot à la surface de Mars, afin d’y trouver des traces de vie passée.

Exomars
La première partie de la mission ExoMars comprend une sonde détectrice de traces de gaz baptisée TGO (Trace Gaz Orbiter) et un atterrisseur-test sur Mars, nommé Schiaparelli. REUTERS/Boris Bethge/ESA/Handout

Les Américains ne seront bientôt plus seuls sur Mars… L’Europe et la Russie vont bientôt s’en mêler. Plus exactement, le 19 octobre prochain, une partie du matériel de la mission ExoMars 2016 qui a décollé ce lundi devra atterrir à la surface de la planète rouge. Un challenge que les Soviétiques et les Britanniques ont échoué à relever par le passé, contrairement à la Nasa, seule agence à maîtriser cet art martien. Pour le moment.

Car l’Agence spatiale européenne (ESA) et l’agence spatiale russe Roskosmos, comptent bien démontrer leur capacité à rivaliser avec l’agence américaine, avec la mission ExoMars. Mission en plusieurs étapes et aux objectifs multiples, dont voici le détail prévu, si tout se déroule comme prévu.

14 mars 2016
ExoMars 2016 décolle de Baïkonour, au Kazakhstan. Cette première partie de la mission russo-européenne comprend une sonde détectrice de traces de gaz baptisée TGO (Trace Gaz Orbiter) et un atterrisseur test sur Mars, nommé Schiaparelli. C’est une fusée russe Proton qui est chargée de lancer le couple en direction de Mars.

16-19 octobre 2016
Après un voyage de sept mois, l’atterrisseur-test ExoMars EDM doit se séparer de la sonde le 16 octobre pour se poser sur la planète rouge trois jours plus tard.

Son objectif est clairement technologique. Il vise à apprendre à l’Europe comment atterrir sur Mars, explique Jorge Vago, responsable scientifique de la mission ExoMars. Il doit se poser sur le site de Meridiani Planum, là où a déjà atterri le robot américain Opportunity en 2004. Le module surnommé Schiaparelli, en l’honneur de l’astronome italien du XIXe siècle, n’est pas équipé de panneaux solaires pour se recharger. Sa durée de vie sera de deux à quatre jours seulement.

La descente et l’atterrissage de ce module de la taille d’une petite voiture seront une mine d’informations pour les scientifiques. Car on ne compte plus les sondes soviétiques, britanniques, chinoises ou américaines, qui ont essayé en vain de se poser à la surface de Mars. Certaines ont atterri mais n’ont jamais réussi à communiquer pour prouver qu’elles étaient arrivées à bon port. L’atmosphère de Mars est si ténue et méconnue que le comportement des sondes est difficilement prévisible, rappelait Jean-Yves Le Gall, président du Cnes, à L’Express en 2015.

Octobre 2016-années 2020
Pendant ce temps, en orbite autour de Mars pour plusieurs années, TGO sera comme un grand nez dans l’espace, explique Jorge Vago. Son travail de nez sera complémentaire de celui de la sonde MAVEN, dont les données ont permis à la Nasa d’affirmer que les éruptions solaires avaient contribué à la disparition de l’atmosphère. La sonde TGO, en orbite plus basse, dispose aussi d’instruments beaucoup plus sensibles, note une des scientifiques du projet auprès du site New Scientist.

La sonde va plus particulièrement rechercher des traces de méthane dans l’atmosphère. En 2004, la sonde européenne Mars Express avait déjà découvert de petites quantités de ce gaz. La sonde TGO va essayer de confirmer cette présence de méthane et d’analyser s’il est d’origine biologique ou bien s’il est le résultat d’un processus géologique, indique le spécialiste. En clair, la présence de méthane, un gaz à effet de serre à la durée de vie limitée, indiquerait une source récente voire contemporaine: des volcans en activité… ou la décomposition de vie micro-organique sur Mars.

2018… ou 2020
La mission suivante, ExoMars 2018 doit déposer un robot à la surface de Mars. L’engin à six roues, déjà visible en version Lego (ci-après) s’ajoute aux rovers américains Spirit et Opportunity arrivés en 2004, et Curiosity largué en 2012.

L’expérience d’ExoMars 2016 doit permettre de le poser en douceur sur Oxia Planum, une zone plate où se trouvent des argiles très anciennes que le rover doit prélever, en forant à deux mètres de profondeur, et analyser sur place. Il transmettra ses données à la Terre via la sonde TGO, toujours en orbite. Les scientifiques espère qu’une ancienne couche de lave, aujourd’hui disparue, a pu protéger les dépôts minéraux du rayonnement cosmique, préservant ainsi une possible vie microbienne. Vie qui se serait développée sur Mars il y a quatre milliards d’années lorsque sa surface ressemblait plus ou moins à celle de la Terre au moment où la vie est apparue sur notre planète, explique Jorge Vago.

Mais cette mission pourrait devenir ExoMars 2020 si cette étape était décalée de deux ans. Les fenêtres de tir pour aller vers Mars ne sont pas infinies… Ce plan B est sérieusement envisagé par Jean Wörner, le directeur général de l’ESA, car le budget n’est pas bouclé, surtout côté européen. Le budget total de la mission ExoMars, tout compris, est de 1,2 milliard d’euros. Une somme faramineuse.

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