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PSG-Real Madrid : quand Ginola et Bravo se souviennent de 1993

LIGUE DES CHAMPIONS. En 1993, Paris réalisait le match européen le plus mémorable de son histoire en terrassant le grand Real. Avant le choc de mercredi, nous avons réuni deux héros de l’époque : Daniel Bravo et David Ginola.

Daniel Bravo et David Ginola
Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), samedi. Daniel Bravo et David Ginola se souviennent de leur grande équipe de l’époque, qui a marqué l’histoire du club. (LP/Jean-Baptiste Quentin.)

David Ginola et Daniel Bravo refont le match ! Le match ?

LE match ! Le PSG – Real Madrid du 18 mars 1993, en quarts de finale retour de la Coupe de l’UEFA. Battus 3-1 à l’aller, les Parisiens renversent tout au Parc des Princes : Weah inscrit le premier but (35e) avant un final dantesque.

Ginola et Valdo marquent à la 82e et 89e, avant que Zamorano ne réduise le score à la 94e. On croit à la prolongation, mais Kombouaré, d’un célèbre coup de tête, délivre Paris au bout de six minutes d’arrêt de jeu historiques (4-1). Mercredi, Ginola et Bravo seront au Parc des Princes pour Canal + et présenteront un nouveau PSG – Real magique qui attend la capitale. Mais avant, ils piochent dans leurs souvenirs avec gourmandise et humour. Entretien croisé.

Vous parle-t-on souvent de ce match ?

DANIEL BRAVO. Toujours. On me dit souvent que c’est le match référence. S’ils doivent choisir un match dans leur vie, les supporteurs historiques prennent ce PSG – Real. C’est plus fort que la victoire en Coupe des Coupes en 1996. On ne touchait plus terre. On était sur un nuage.

DAVID GINOLA. J’ai croisé un mec dans la rue récemment qui m’a dit, les yeux pleins d’émotion : « J’étais là contre Madrid ». Merci le football ! Je suis ravi d’avoir contribué à ça. Ce sont des moments qu’on chérit à vie. On a donné du rêve. Moi, je n’ai jamais revu ce match. Je n’aime pas me voir jouer parce que je ne vois que les défauts. En revanche, j’aimerais bien le revoir dans quelques années, mais avec d’autres joueurs. Quand on aura 60 ou 70 ans. On sera avec une canne et on se souviendra (sourires).

Tout est incroyable dans ce match, à l’image de son issue : c’est «l’anonyme» Kombouaré qui vous qualifie…

D.G. Antoine n’était pas vraiment un titulaire avec Artur Jorge. Son but consacre un garçon exceptionnel. Quand j’en parle, me viennent les larmes aux yeux parce que c’est quelqu’un que j’aime beaucoup. Si je suis honnête, je dois dire qu’on parlait beaucoup à cette époque du PSG de Weah et de Ginola. On oublie qu’il y avait des Daniel Bravo, des Laurent Fournier, des Vincent Guérin, des Patrick Colleter, ceux qui taffaient. On m’a toujours reproché un côté individualiste alors que, sans eux, je n’aurais rien pu faire. Antoine mérite la lumière.

Artur Jorge, l’entraîneur à l’époque, savait-il transcender son groupe ?

D.G. Non, ce n’est pas un garçon comme ça. C’est vraiment nous, les joueurs, qui avons trouvé la motivation. On a cru en nous sans que Jorge nous booste.

D.B. Lors des grands matchs, les joueurs avaient pris l’habitude de se réunir la veille dans une chambre de l’hôtel où l’on passait la mise au vert. On se motivait et on se gonflait à bloc. Contre le Real, on était conscients qu’on pouvait réaliser l’exploit. On avait une grande équipe, tout simplement. Un énorme collectif avec des liens qui dépassaient le cadre du foot. La qualité de Jorge, c’est d’avoir su créer un onze fort. Mais Artur, il rentrait toujours à la mi-temps au vestiaire en disant (il l’imite) : « Les gars, ce n’est pas mon équipe, c’est une équipe de merde-là ! Y a une bonne prime, il faut y aller, il faut jouer. » Tu te souviens ?

D.G. Ah oui ! Il s’énervait tout seul. (Il l’imite aussi.) « Avec toi, c’est toujours pareil. Qu’est-ce que tu fais dans cette zone ? Tu prends le ballon et tu me fais de la merde. Tu me fais de la merde-là, de la merde-là et de la merde-là. C’est de la merde partout ! » (Eclats de rire.)

D.B. C’était exactement ça ! « Daniel, tu glisses avec tes chaussures. T’as encore mis des crampons de merde ! »
D.G. J’ai l’impression que c’était hier !

1993-1997 : est-ce la plus belle période de l’histoire du PSG ?

D.B. Contrairement à ce qu’a dit Ibrahimovic, il y a eu plusieurs grandes périodes au PSG. La nôtre en fait partie. On restera dans l’histoire du PSG.

D.G. Il m’a dit qu’il ne le pensait pas. Quand je lui ai remis le trophée du meilleur joueur de la saison en 2013, il m’a dit : « David, j’ai beaucoup de respect pour toi, je t’ai toujours regardé jouer et je suis désolé de vous avoir blessé. » Il m’a dit tout ça en anglais. Cela m’a fait plaisir. Mais sa première sortie, j’ai trouvé ça blessant. Il y a trop de joueurs aujourd’hui qui ne connaissent pas l’historique ni les antécédents des clubs où ils évoluent.

D.B. Il ne sait pas ce qu’on a fait. Après, on ne peut pas comparer. A part Raï, nous, on a grandi grâce au PSG. Aujourd’hui, c’est un club qui recrute des stars confirmées, avec Ibra, Thiago Motta ou Di Maria.

Vous attendez-vous à deux grands matchs cette année ?

D.B. Oui. Paris n’attend que ces matchs-là. En championnat, les Parisiens peuvent jouer à 50 %, ils gagnent quand même. Donc, ils vont se transcender face à une grande équipe. J’ai hâte de voir ça !

D.G. Ils tombent sur l’une des meilleures équipes du monde, avec l’un des meilleurs joueurs du monde. Les Thiago Silva et compagnie vont vouloir montrer que ce sont des défenseurs hors pair face à des galactiques.

D.B. Paris va se jauger. Ce sont à travers ces matchs-là qu’ils vont savoir s’ils ont le niveau pour remporter la Ligue des champions.

Qui est favori ?

D.B. C’est Paris. Il n’y a pas à avoir peur du Real ou de Ronaldo. Depuis qu’Aurier a remplacé Van der Wiel, il n’y a plus de trou dans l’équipe.

D.G. C’était un trou Van der Wiel ?
D.B. Ah oui ! C’est un trou, lui ! Pour moi, avec Aurier plus l’arrivée de Di Maria, le PSG est aussi fort que le Real sur le papier.

D.G. Non. Le Real est plusieurs fois champion d’Europe. Il y a une certitude : Paris peut battre n’importe quelle équipe. Mais Paris sera favori de ce genre de match quand il aura gagné la Ligue des champions.

D.B. Paris doit maintenant atteindre la demi-finale. Pour en arriver là, il doit acquérir de la confiance dans ce genre de match-là.

D.G. Les efforts ont été faits pour acheter les meilleurs joueurs. Maintenant, le club doit s’installer dans la durée, dire s’il est derrière Laurent Blanc à 100 %. Un club qui marche, c’est un club qui est stable. Si Ancelotti part au bout d’un an et demi, si on se sépare de Blanc au bout de trois ans, ça ne peut pas marcher. Il faut une logique sur le long terme.

D.B. Paris risque de fonctionner comme le Real. Les Qatariens ne sont pas là pour rigoler mais pour gagner. L’entraîneur qui ne gagne pas, il part. Le jour où Paris gagnera la Ligue des champions, l’entraîneur suivant devra la gagner, sinon il sera viré.

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