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Important déploiement policier à Brazzaville pour célébrer la victoire de Denis Sassou-Nguesso

La foule n’est pas au rendez-vous. Seules quelques centaines de personnes se sont retrouvées avenue de la Paix, dans le centre de Brazzaville, pour fêter le triomphe annoncé de leur champion.

Brazzaville
Des partisans de Denis Sassou Nguesso célèbrent la victoire de leur champion dans les rues de Brazzaville, le 22 mars. Crédits : MARCO LONGARI / AFP

Les résultats provisoires communiqués peu de temps auparavant par la commission nationale électorale indépendante (CNEI) préfigurent pourtant une victoire écrasante du président congolais, Denis Sassou-Nguesso. Pour Vivien Manangou, porte-parole de Guy Brice Parfait Kolélas, un des candidats d’opposition, ce manque de ferveur populaire est bien la preuve que tout le processus n’a été qu’une « farce électorale. Sinon, les gens seraient sortis dans les rues ».

 

Ces poignées de militants en faveur de Sassou-Nguesso ont renfilé, mardi 22 mars, les T-shirts et ressorti les drapeaux électoraux distribués à pleines mains durant la campagne par l’équipe de celui qui, hormis une parenthèse ponctuée par une guerre civile meurtrière à la fin des années 1990, dirige le pays depuis trente-deux années et s’apprête à rempiler pour cinq ans.

Dans le reste de la ville, policiers et militaires sont déployés : par petites unités, espacées, assises par terre ou groupées autour de véhicules blindés, tapies dans le noir comme cette trentaine de policiers de la brigade de répression du banditisme postés tout près du siège de l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (Upads, opposition). Les forces de sécurité contrôlent les grandes artères de la ville. Sans agressivité, l’arme au pied.

Prudents, les quelques Brazzavillois que l’on rencontre hâtent le pas pour rentrer chez eux. « Ils en ont marre, mais ils sont aussi résignés et ils ont peur », concède un jeune militant du groupe Ras-le-bol, qui milite en faveur d’une alternance démocratique. En octobre 2015, quatre personnes (vingt selon d’autres sources) sont tombées sous les balles des forces de l’ordre lors de marches pacifiques contre la modification de la Constitution ouvrant la voie à une nouvelle candidature de Denis Sassou-Nguesso. « Cette fois-ci, beaucoup d’habitants ont préféré quitter la ville », ajoute le jeune homme, qui cite le cas de Makélékélé, l’un des quartiers contestataires de la capitale.

Craintes de débordements

Au vu du déploiement policier, et des appels au calme lancés par l’Union européenne, les Etats-Unis et ou la France, nombre d’observateurs craignent en effet que la rue ne s’enflamme. « Nous redoutons d’être débordés par nos supporteurs. Ils n’avaient plus confiance dans la politique, nous avions eu du mal à les faire sortir voter, ils doivent être très déçus. Nous-mêmes sommes très déçus. Vont-ils comprendre nos appels au calme ? », s’interroge Vivien Manangou.

Car les chiffres présentés par Henri Bouka, le président de la CNEI, bien que provisoires, annoncent une victoire sans appel du président sortant au premier tour. Fondés sur la compilation d’environ 60 % des suffrages exprimés, ils accordent 67 % des voix à Denis Sassou-Nguesso, loin, très loin devant Guy Brice Parfait Kolélas (17 %) et Jean-Marie Michel Mokoko (8 %). Les résultats du vote à Pointe-Noire, la capitale économique du pays – avec Brazzaville, elles rassemblent plus de la moitié des 2,1 millions d’électeurs congolais enregistrés – ne sont pas encore connus, mais « ça ne changera rien », se résigne Vivien Manangou. Selon lui, « la participation n’a pas été massive » dans cette ville réputée frondeuse.

Des electeurs congolais
Des électeurs congolais font la queue à l’extérieur d’un bureau de vote dimanche 20 mars.

 

Et le pouvoir n’affiche guère de doute. « Sauf tsunami (…), on peut anticiper une victoire au premier tour », s’est réjoui Thierry Moungalla, directeur de la communication du candidat. Lundi, Washington avait pourtant noté « de nombreux rapports d’irrégularités qui constituent une source d’inquiétude quant à la crédibilité du processus ». Le département d’Etat pointait du doigt « l’embargo de communication pendant le déroulement du scrutin [qui se poursuivait encore mercredi matin], l’environnement médiatique déséquilibré et restrictif, la disparité significative dans l’accès aux ressources de l’Etat (…) et les restrictions sur les libertés d’expression, de communication et d’association dans la période préélectorale ».

La France, ancienne puissance coloniale, s’inquiète « d’un contexte préoccupant » et a rappelé son « attachement à la transparence et à l’équité du processus électoral à toutes ses étapes ».

Partageant ces reproches, l’opposition dénonce, de surcroît, la manipulation des chiffres et affirme que « la CNEI a annoncé des chiffres faussés, déformés ». Lundi, Guy Brice Parfait Kolélas disait vouloir saisir la Cour constitutionnelle si les résultats annoncés ne correspondaient pas au décompte de l’opposition. C’est désormais le cas. Mais tous ne semblent pas aussi modérés. Charles Zacharie Bowao, coordonnateur de la plate-forme soutenant les cinq candidats d’opposition a déclaré : « Nous défendrons les résultats des urnes, y compris au risque de notre vie. Nous ne laisserons pas la victoire du peuple être confisquée. »

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