A la Une Rugby Sports

Afrique du Sud: un Noir pour la première fois capitaine des Springboks pour un test-match

Un joueur noir, Siya Kolisi, a pour la première fois été nommé lundi capitaine de l’équipe sud-africaine de rugby pour des tests-matches, une révolution dans un sport toujours dominé par la minorité blanche un quart de siècle après la fin de l’apartheid.

Le flanker Siya Kolisi, capitaine des Springboks
Le flanker Siya Kolisi, capitaine des Springboks | AFP/Archives / MICHAEL BRADLEY

C’est un grand honneur d’être nommé capitaine des Springboks, a souligné le sélectionneur blanc Rassie Erasmus en annonçant la nomination de Kolisi, qui compte 28 sélections sous le maillot des Springboks depuis 2013.

Né dans un township de Port Elizabeth (sud-est), le troisième ligne de 26 ans est actuellement capitaine de l’équipe des Stormers (Afrique du Sud) en Super Rugby.

La décision historique de lui confier le brassard de capitaine a été saluée par le gouvernement du Congrès national africain (ANC), qui a combattu pendant des décennies le régime raciste blanc tombé officiellement en 1994.

Félicitations à Siya Kolisi pour avoir été nommé capitaine des Springboks pour les (trois) tests-matches face à l’Angleterre, a réagi le gouvernement.

En 2006, un autre joueur noir, Chiliboy Ralepelle, avait été nommé capitaine du XV sud-africain mais uniquement pour une rencontre sans enjeu face à une sélection mondiale qui n’avait pas le rang d’un test-match officiel.

Rassie Erasmus a par ailleurs indiqué lundi que le capitanat serait attribué à Pieter-Steph du Toit, un Blanc, pour le test-match samedi des Springboks contre le Pays de Galles.

Siya et Pieter-Steph sont deux hommes honnêtes qui travaillent dur et bénéficient du respect de leurs coéquipiers, a justifié Rassie Erasmus. Je crois que tous les deux feront du bon travail.

Ma philosophie est que chaque joueur doit prendre ses responsabilités et travailler très dur avec un objectif en tête, s’assurer que les Springboks gagnent de nouveau, a-t-il ajouté.

Pression

Kolisi, qui est marié à une Blanche, avait récemment reconnu que sa saison en Super Rugby avait été inégale. J’ai réalisé que je ne pouvais pas bien jouer tous les matches.

En tant que leader, je me mets énormément de pression pour être performant chaque week-end. Je suis en train d’apprendre à gérer cette pression personnelle et le rôle de capitaine.

Sa nomination lundi est très symbolique pour le rugby sud-africain, qui peine à se débarrasser de son image de sport de Blancs.

Pendant l’apartheid, la majorité noire était interdite de représenter l’Afrique du Sud en rugby.

Ce sport a toutefois été un symbole de réconciliation nationale, juste après la chute du régime ségrégationniste.

En 1995, le capitaine des Springboks, François Pienaar, un Blanc, a reçu le trophée de champion du monde des mains du président et héros de la lutte contre l’apartheid Nelson Mandela, qui avait revêtu pour l’occasion le maillot de l’équipe.

Mais les progrès pour intégrer les Noirs dans les Springboks restent extrêmement lents, et la composition de l’équipe, l’une des meilleures au monde, un sujet très sensible.

Polémiques

Pour accélérer la transformation raciale, la fédération de rugby et le gouvernement ont convenu que la moitié de l’équipe du Mondial de 2019 au Japon serait noire.

Mais Rassie Erasmus se heurte, dit-il, au même problème que ses prédécesseurs: le réservoir de joueurs noirs est encore mince.

L’équipe choisie pour les matches tests contre le Pays de Galles et l’Angleterre est composée de 24 Blancs et de 19 Noirs.

Avant d’être dirigés sur le terrain par un capitaine noir, les Springboks l’ont déjà été depuis le banc de touche par des sélectionneurs noirs.

Le premier, Peter de Villiers, a entraîné le XV sud-africain de 2008-2012. Noir lui aussi, Allister Coetzee a dirigé les Springboks de 2015 jusqu’à mars dernier. Mais il a été limogé en raison de son piètre bilan de 11 victoires en 25 matches.

Son règne calamiteux a nourri une polémique sur ses origines raciales, ses détracteurs affirmant qu’il avait été favorisé en raison de sa couleur de peau.

La société sud-africaine, et le rugby en particulier, continue d’être minée par les tensions raciales héritées de l’apartheid.

Mi-mai, un ancien Springbok, Ashwin Willemse, un Noir reconverti en commentateur télévisé, a accusé deux anciens confrères Blancs, Naas Botha et Nick Mallett, d’être condescendants à son égard. En plein direct, il a décidé de quitter précipitamment le plateau de télévision.

Print Friendly, PDF & Email

Nous recommandons

Laissez un commentaire

* En utilisant ce formulaire, vous acceptez le stockage et le traitement de vos données par ce site Web.

Yoopya.fr est un portail web généraliste, il couvre un large éventail de catégories de contenu, y compris le divertissement, la politique, le sport, la santé, l'éducation, la science et la technologie, etc. Le top des actualités locales et mondiales dans la meilleure qualité journalistique possible. Nous connectons les utilisateurs via un service de webmail gratuit et innovant.

Afrique du Sud: un Noir pour la première fois capitaine des Springboks pour un test-match