Economie

Bata France condamné par l’échec de sa montée en gamme

En dépôt de bilan, le chausseur cherche des repreneurs pour ses 116 magasins. Mais l’enseigne n’est pas à vendre.

Bata France
People walk along a shop of the shoe maker Bata on November 21, 2014 in Paris. The French subsidiary of the Canadian shoes manufacturer and distributor Bata will declare a cessation of payments before the Commercial Court of Nanterre, before a receivership, a source close to the case said on November 21 confirming an information from the French Les Echos newspaper. AFP PHOTO / ELIOT BLONDET

Après quatre-vingts ans en France, Bata s’apprête à quitter l’Hexagone les deux pieds devant. La filiale tricolore du chausseur fondé en 1894 en Tchécoslovaquie a déposé vendredi une déclaration de cessation de paiement au tribunal de commerce de Nanterre. Une audience est prévue mercredi, qui devrait placer Bata France en redressement judiciaire avec une période d’observation de six mois.

La maison mère, contrôlée depuis le Canada par la famille des fondateurs, les frères Bata, ne souhaite ni poursuivre l’activité ni céder l’enseigne en France, car elle l’exploite dans 5 000 magasins et 60 pays. La seule issue est de trouver des repreneurs pour les 116 magasins Bata France (dont une trentaine en région parisienne) et leurs 732 salariés. Le cas des 52 employés du siège de Puteaux est, lui, compliqué.

Attractif pour les rivaux

À l’origine de l’aggravation des problèmes de l’enseigne: la stratégie de montée en gamme décidée au niveau européen en 2011. Populaire en France, Bata a une image plus haut de gamme dans d’autres pays. Mais l’harmonisation de l’offre s’est révélée un piège en France. Rival historique d’Eram, Chaussea et La Halle aux Chaussures (groupe Vivarte) sur le segment familial, Bata a tenté de se frotter à André et Minelli, au moment même où ces deux autres enseignes du groupe Vivarte engageaient des plans de rénovation de leurs magasins. Chez Bata France, la montée en gamme n’a pas été accompagnée d’assez d’investissements dans les magasins et la publicité. Insuffisant pour conquérir de nouveaux clients alors que la clientèle traditionnelle était déroutée par les hausses de prix.

Pour ne rien arranger, l’enseigne n’a pas pris le virage Internet ni réagi à la diversification dans la chaussure des géants de mode à renouvellement rapide (H&M, Zara). Dans un contexte de crise économique et de baisse de pouvoir d’achat, le chiffre d’affaires de Bata a accéléré sa chute.

De 105 millions d’euros en 2011, il est tombé à 91 millions l’an passé et devrait terminer sous la barre des 80 millions fin décembre. Cette dégringolade a par ailleurs creusé les pertes de la société, à hauteur de 30 millions d’euros sur les quatre derniers exercices, dont 15 millions en 2014.

L’administrateur judiciaire en charge de trouver des repreneurs pour les magasins devrait miser sur l’attrait du parc, nettoyé il y a trois ans avec la fermeture d’une trentaine de boutiques. 40 % des points de vente sont ainsi situés en centre-ville. De quoi attirer des distributeurs de chaussures, d’autant que ce marché résiste mieux que celui de l’habillement.

Vivarte, Eram, Chaussea voire l’allemand Deichman, qui y trouverait l’opportunité de se lancer dans l’Hexagone, pourraient regarder le dossier.

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