Actualités Asie Monde

Attentat revendiqué par l’EI, «un mode opératoire nouveau au Liban»

Au moins 43 personnes ont été tuées jeudi dans un double attentat-suicide dans la banlieue sud de Beyrouth.

attentat à Burj al-Barajneh
Des secouristes sur le site d’un double attentat à Burj al-Barajneh dans la banlieue surd de Beyrouth le 12 novembre 2015 Photo ANWAR AMRO. AFP

Un bain de sang. L’«Inacceptable», titre ce vendredi matin le quotidien francophone l’Orient-Le Jour. Selon les derniers décomptes de la Croix Rouge libanaise, au moins 43 personnes ont été tuées et 239 blessées jeudi lors d’un double attentat suicide dans la banlieue sud de Beyrouth, très majoritairement chiite. C’est l’attentat le plus meurtrier dans la capitale libanaise depuis la fin de la guerre civile, en 1990. Le groupe Etat islamique a revendiqué l’attaque dans un communiqué. Plusieurs jihadistes ont visé une ruelle commerçante du quartier populaire de Ain al Sekke, proche du camp palestinien de Bourj el Barajneh, à une heure de pointe. Selon l’armée libanaise, un premier kamikaze se serait fait exploser, provoquant un attroupement. Cinq minutes plus tard, un deuxième kamikaze a déclenché sa ceinture d’explosifs. Un troisième kamikaze qui devait se faire exploser a été tué dans l’explosion de l’une des deux bombes.

«C’est un mode opératoire nouveau au Liban, qui rappelle les attentats suicides à Bagdad, et qui a pour objectif de tuer le maximum de civils», estime Imad Salamey, professeur de sciences politiques à la LAU (Lebanese American University). Un membre de la sécurité du Hezbollah, Hussein Yaghi, a péri dans l’explosion, selon certains médias libanais. Depuis la vague d’attentats qui avait secoué ses bastions entre juillet 2013 et juin 2014, le «Parti de Dieu» avait considérablement renforcé les mesures de sécurité, en installant de nombreux checkpoints dans la banlieue sud de Beyrouth, où vivent plus de 700 000 chiites, mais aussi de nombreux Syriens arrivés au Liban depuis le déclenchement de la guerre.

L’EI plus populaire

Depuis plus d’un an, la banlieue sud, la «Dahieh» avait retrouvé le calme. Les forces de sécurité libanaises, en partenariat avec le Hezbollah, ont démantelé ces derniers mois plusieurs réseaux jihadistes liés au front Al Nusra et à l’EI, soupçonnés de préparer des attentats. Les brigades Abdallah Azzam, proches d’Al Qaeda, auteurs de plusieurs attentats en 2013 et 2014 – dont celui de l’ambassade iranienne à Beyrouth – ont également subi une série d’arrestations. Leur chef, Majid Majid, arrêté, est mort dans les geôles libanaises. Le nombre des attentats a aussi considérablement diminué à la suite de l’offensive du Hezbollah en 2014 dans des régions syriennes frontalières du Liban, autour de la chaîne montagneuse du Qalamoun. Ces zones servaient de base aux jihadistes pour fabriquer des voitures piégées, qui transitaient ensuite vers le pays du Cèdre.

Sur la dizaine d’attentats perpétrés entre 2013 et 2014, un seul seulement avait été revendiqué par la branche alépine de l’Etat islamique. Mais le groupe jihadiste semble être monté en puissance au Liban, par rapport à son rival Al Nusra, la franchise syrienne d’Al-Qaeda, responsable de plusieurs attentats au Liban depuis 2013. «Chez les réfugiés syriens, le nombre de jeunes sympathisants de l’Etat islamique s’accroît. Paradoxalement, ils sont contre l’Etat islamique en Syrie, mais le soutiennent davantage au Liban», estime Romain Caillet, consultant sur les mouvements islamistes et jihadistes. L’EI dispose d’un faible contingent de combattants à la frontière libanaise, dans les massifs du Qalamoun, mais se rapproche de la plaine de la Bekaa libanaise par un autre axe. Début novembre, l’organisation jihadiste a conquis la ville stratégique de Mahin, dans le sud ouest de la province de Homs.
«Portée médiatique»

Le double attentat suicide est une réponse directe à la montée en puissance du Hezbollah en Syrie, qui depuis l’intervention aérienne russe, ne se limite plus à une participation très active dans les régions frontalières avec le Liban. La milice chiite joue un rôle important aux côtés de l’armée syrienne dans d’autres régions clé, à Idlib, Hama, ou Alep.

Retrouvez cet article sur liberation.fr

Print Friendly, PDF & Email

Nous recommandons

Laissez un commentaire

* En utilisant ce formulaire, vous acceptez le stockage et le traitement de vos données par ce site Web.

Yoopya.fr est un portail web généraliste, il couvre un large éventail de catégories de contenu, y compris le divertissement, la politique, le sport, la santé, l'éducation, la science et la technologie, etc. Le top des actualités locales et mondiales dans la meilleure qualité journalistique possible. Nous connectons les utilisateurs via un service de webmail gratuit et innovant.

Attentat revendiqué par l’EI, «un mode opératoire nouveau au Liban»